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Poeme D'amour Pour Homme

Poeme D'amour Pour Homme,

 

Poeme D'amour Pour Homme


Les Danaïdes.


Sonnet.

Toutes, portant l'amphore, une main sur la hanche,
Théano, Callidie, Amymone, Agavé,
Esclaves d'un labeur sans cesse inachevé,
Courent du puits à l'urne où l'eau vaine s'épanche.

Hélas ! le grès rugueux meurtrit l'épaule blanche,

Et le bras faible est las du fardeau soulevé :
« Monstre, que nous avons nuit et jour abreuvé,
Ô gouffre, que nous veut ta soif que rien n'étanche ? »

Elles tombent, le vide épouvante leurs cœurs ;

Mais la plus jeune alors, moins triste que ses sœurs,
Chante, et leur rend la force et la persévérance.

Tels sont l'œuvre et le sort de nos illusions :

Elles tombent toujours, et la jeune Espérance
Leur dit toujours : « Mes sœurs, si nous recommencions ! »

Poeme D'amour Pour Homme

Les deux chutes.

Sonnet.

D'un seul mot, pénétrant comme un acier pointu,
Vous nous exaspérez pour nous dompter d'un signe,
Sachant que notre cœur s'emporte et se résigne,
Rebelle subjugué sitôt qu'il a battu.

Triomphez pleinement, ô femmes sans vertu,

De notre souple hommage à votre empire indigne !
Quand vous nous faites choir hors de la droite ligne,
Tombés autant que vous, nous avons plus perdu :

Que dans vos corps divins le remords veille ou dorme,

Il laisse intacte en vous la gloire de la forme,
Car, fût-elle sans âme, Aphrodite a son prix !

Vos yeux, beaux sans l'honneur, peuvent régner encore,

Mais le regard d'un homme, au souffle du mépris,
Perd toute la fierté qui l'arme et le décore.

Poeme D'amour Pour Homme

Les deux vertiges.

Sonnet.

Le voyageur, debout sur la plus haute cime,
À travers le rideau d'une rose vapeur,
Mesure avec la sonde immense de la peur
Sous ses genoux tremblants la fuite de l'abîme.

De ce besoin de voir téméraire victime,

Du haut de la raison je sonde avec stupeur
Le dessous infini de ce monde trompeur,
Et je traîne avec moi partout mon gouffre intime.

L'abîme est différent, mais pareil notre émoi :

Le grand vide, attirant le voyageur, l'étonne ;
Sollicité par Dieu, j'ai des éclairs d'effroi !

Mais lui, par son vertige il ne surprend personne :

On trouve naturel qu'il pâlisse et frissonne ;
Et moi, j'ai l'air d'un fou ; je ne sais pas pourquoi.
Les Dieux.

Sonnet.

Le dieu du laboureur est comme un très vieux roi
De chair et d'os, seigneur du champ qu'il ensemence ;
Le dieu de son curé règne aussi, mais immense,
Trois fois unique, esprit, fils et père de soi ;

Le déiste contemple un pur je ne sais quoi

Lointain, par qui le monde, en s'ordonnant, commence ;
Et le savant qui rit de leur sainte démence
Nomme son dieu Nature et n'en fait qu'une loi ;

Kant ne sait même plus si quelque chose existe,

Et Fichte, usurpateur du temple vide et triste,
Se divinise afin qu'un dieu reste debout.

Ainsi roulent toujours, du néant aux idoles,

Du blasphème aux credo, les multitudes folles !
Dieu n'est pas rien, mais Dieu n'est personne : il est Tout.

Poeme D'amour Pour Homme
Les fils.

Sonnet.

Toi que tes grands aïeux, du fond de leur sommeil,
Accablent sous le poids d'une illustre mémoire,
Tu n'auras pas senti ton nom dans la nuit noire
Éclore, et comme une aube y faire un point vermeil !

Je te plains, car peut-être à tes aïeux pareil,

Tu les vaux, mais le monde ébloui n'y peut croire :
Ton mérite rayonne indistinct dans leur gloire,
Satellite abîmé dans l'éclat d'un soleil.

Ah ! L'enfant dont la souche est dans l'ombre perdue,

Peut du moins arracher au séculaire oubli
Le nom qu'il y ramasse encore enseveli ;

Dans la durée immense et l'immense étendue

Son étoile, qui perce où d'autres ont pâli,
Peut luire par soi-même et n'est point confondue !
Poeme D'amour Pour Homme
Le signe.

On dit que les désirs des mères
Pendant qu'elles portent l'enfant,
Fussent-ils d'étranges chimères,
Le marquent d'un signe vivant ;

Que ce stigmate est une image

De l'objet qu'elles ont rêvé,
Qu'il croît et s'incruste avec l'âge,
Qu'il ne peut pas être lavé !

Et le vœu, bizarre ou sublime,

Formé dès avant le berceau,
Comme dans la chair il s'imprime,
Peut marquer l'âme de son sceau.

Quel fut donc ton cruel caprice,

Le jour où tu conçus mon cœur,
Ô toi, pourtant ma bienfaitrice,
Toi qui m'as légué ta douleur ?

Quand tu m'aimais sans me connaître,

Pâle et déjà ma mère un peu,
Un nuage voguait peut-être
Comme une île blanche au ciel bleu ;

Et n'as-tu pas dit : « Qu'on m'y mène !

C'est là que je veux demeurer ! »
L'oasis était surhumaine,
Et l'infini t'a fait pleurer.

Tu crias : « Des ailes, des ailes ! »

Te soulevant pour défaillir...
Et ces heures-là furent celles
Où tu m'as senti tressaillir.

De là vient que toute ma vie,

Halluciné, faible, incertain,
Je traîne l'incurable envie
De quelque paradis lointain...

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